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Réforme en Santé (PL 15) : 5 préoccupations des organismes communautaires autonomes

La réforme en santé du ministre Dubé, visant à augmenter l’efficacité du réseau, suscite de nombreuses inquiétudes au sein des organismes communautaires autonomes. Les raisons de ces préoccupations sont variées et toucheront directement les citoyen.ne.s. 

 

Décortiquons 5 de ces préoccupations pour mieux comprendre les enjeux de cette réforme de plus en plus controversée:

 

  1. La démocratie sacrifiée au nom de l’efficacité

La quête de l’efficacité dans le système de santé se fera au détriment de la démocratie. En mettant la hache dans les syndicats et les conseils d’administration des établissements régionaux, cette réforme sacrifie le processus de prises de décisions régionales au profit de décisions centralisées. Cet aspect a d’ailleurs été dénoncé par 6 anciens premiers ministres du Québec dans une lettre critiquant l’abolition des conseils d’administration des CISSS et des CIUSSS. La réforme Dubé risque de démolir le peu de démocratie encore présente dans notre système de santé, déjà mis à mal par les deux réformes précédentes. L’efficacité ne devrait pas être synonyme de l’effacement de la voix des communautés régionales dans les choix qui concernent leur propre santé.

 

  1. Une décentralisation… centralisatrice!

La réforme semble proposer une décentralisation, mais elle cache en réalité une centralisation des pouvoirs décisionnels et administratifs à Santé Québec. Cette contradiction inquiète les organismes communautaires autonomes, qui craignent que les particularités de leur région ne soient pas prises en compte et que leurs liens avec les partenaires publics en soit un d’instrumentalisation. Tout relèverait alors du conseil d’administration de Santé Québec. À ce sujet, les schémas réalisés par l’IRIS pour illustrer cette nouvelle gouvernance parlent d’eux-mêmes.

Le programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), par exemple, pourrait ne plus être géré dans la région, ce qui aurait pour effet d’éclipser les spécificités de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine et des organismes communautaires enracinés dans leur milieu. 

 

Une des conséquences qui nous inquiète par rapport à cette possible centralisation concerne la participation citoyenne sur les CA des OCA : c’est déjà un défi de recruter des gens pour s’investir bénévolement dans la réalisation d’une mission, si en plus on leur demande de répondre à des exigences de bailleurs de fonds, en fragilisant leur enracinement dans leur communauté, l’intérêt sera de moins en moins grand de s’impliquer. 

 

  1. L’autonomie communautaire mise à mal

Les organismes communautaires autonomes sont créés d’un besoin de la communauté. De façon démocratique, ce sont leurs membres qui déterminent leurs orientations et leurs actions. Avec cette réforme, on semble vouloir intégrer les organismes communautaires dans le système de santé, ce qui en ferait les bras et les jambes de l’État. La réforme, en limitant l’autonomie des organismes communautaires autonomes, risque de fragiliser la capacité des communautés à répondre de manière efficace et adaptée à leurs besoins spécifiques.

 

  1. Démantèlement des services publics

La crainte du basculement des services publics vers le privé est une préoccupation qui ne date pas d’hier. Avec le PL-15, nos inquiétudes grandissent. Les organismes communautaires autonomes redoutent que la réforme n’affaiblisse le système public de santé au profit d’intérêts privés, ce qui pourrait compromettre un acquis précieux, soit l’égalité d’accès aux soins pour tous. On se retrouverait alors avec un système à plusieurs vitesses, dans lequel les mieux nantis seraient avantagés.

 

  1. Une adoption sous bâillon d’un projet de loi Mammouth

Le ministre Dubé souhaite avoir adopté cet immense projet de loi d’ici décembre. Lorsqu’on constate la vitesse avec laquelle ont été réalisées les consultations publiques (6 jours, sur invitation seulement), il est préoccupant de penser que, malgré les réticences de certains groupes, ce projet de loi pourrait être adopté sous bâillon. Il s’agit là d’une des réalités qui nous fait dire que la démocratie est sacrifiée sur l’autel de l’efficacité

 

À la vitesse où vont les choses, il est crucial que ces préoccupations soient prises en compte dans le processus de réforme pour garantir un système de santé qui reste accessible, équitable et adapté aux besoins des communautés locales.